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©Hélène Hébrard

Coulisses

Les Femmes Tisséo

Les mobilités n’ont ni sexe ni genre et pourtant consciemment ou inconsciemment, nous conjuguons encore certains métiers au masculin. Nous vous proposons 6 portraits de femmes inspirantes et déterminées. Elles sont ingénieure, médiatrice, directrice, responsable et se sont prêtées au jeu de l’interview.

Publié le

BÉRENGÈRE BERNADAC DE TISSÉO VOYAGEURS

Quel poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Je suis responsable du service Sécurité Transports Environnement et Site, en charge de l’application des réglementations soit la personne pas sympa (sourire). Je dois veiller à ce que tous nos équipements et l’ensemble de nos réseaux soient en conformité avec nos procédures pour assurer la sécurité des voyageurs et de nos agents. Cela va des rames de métro aux extincteurs sur site, de la maîtrise des risques industriels à la prévention auprès des agents. J’ai 8 personnes qui travaillent avec moi afin d’articuler la réglementation de façon opérationnelle. Vigilance, prévention et protection sont nos trois mots d’ordre pour assurer la maîtrise de tous les risques possibles.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
J’ai fait l’École Nationale Supérieure des ingénieurs en arts chimiques et technologiques et d’ailleurs pour la petite histoire, j’y suis rentrée le 11 septembre 2001 et le 21 septembre, suite à l’explosion d’AZF, je n’avais plus d’école, c’est une date qu’on n’oublie pas.
J’ai fait une spécialité en Énergétique à l’École des Mines et j’ai été embauchée en bureau d’études.
J’ai beaucoup appris et, surtout, à être pluridisciplinaire. Je suis devenue cheffe de projet et j’ai intégré Tisséo en tant que telle. J’ai travaillé sur de nombreux projets, j’ai ensuite eu l’opportunité de travailler avec le directeur de la Sûreté avec lequel nous avons co-construit toute la stratégie et la politique en matière de sûreté. J’ai pris la tête du service il y a bientôt 1 an.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Très honnêtement, pas du tout, lorsque je suis arrivée en bureau d’études, les femmes dans le bâtiment ou l’industrie n’étaient pas nombreuses et j’ai, au contraire, bénéficié de beaucoup de bienveillance. Si on a pu me faire des réflexions, j’avais assez de répondant pour me défendre.

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
L’idée qu’il pourrait y avoir des métiers d’homme et des métiers de femme justement. Les progrès techniques et technologiques ont permis de gommer les rapports de force qui empêcheraient les femmes d’exercer certains métiers plus physiques. Je déteste l’idée de mettre les gens dans des cases.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Lorsque je suis arrivée en bureau d’études, de nombreux messieurs, avec qui j’avais rendez-vous, m’informaient qu’ils venaient voir MONSIEUR Bernadac. Il leur semblait évident que pour parler de compresseurs ou de chaufferie, il fallait être un homme, je ne pouvais être que l’assistante. Je prenais beaucoup de plaisir à leur répondre : « ce n’est pas monsieur, c’est madame et c’est moi ! » Je les voyais se décomposer, c’était plutôt drôle.

Catherine Labroue de Tisséo Voyageurs

Quel poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Je suis responsable Développement Durable, chargée de proposer et de piloter un plan d’action concrète dans le cadre de la mise en place d’initiatives et de bonnes pratiques, je suis également référente en matière de lutte contre le sexisme et le harcèlement.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
J’ai une formation en droit public et sciences politiques. Je travaille depuis plus de 10 ans chez Tisséo sur la démarche développement durable et depuis 2017, je coordonne également un plan d’action ambitieux pour prévenir et lutter contre le harcèlement sexiste dans les transports. Ce plan d’action est mis en place par Tisséo Voyageurs, Tisséo Collectivités, la Ville de Toulouse en lien avec les associations Ligue des Droits de l’Homme, l’AUTATE, Stop au Harcèlement et Osez le féminisme.
Nous apportons ainsi notre contribution dans l’évolution des mentalités, des perceptions face à ce type de comportement, à ne plus les passer sous silence, à agir pour sensibiliser et adresser un message clair aux agresseurs.
Nous mobilisons des outils pour l’accompagnement des victimes dans les procédures, le suivi des violences, la formation et la sensibilisation des personnels, la prévention et la communication par des campagnes de sensibilisation. Pour les plus jeunes, nous menons des actions d’éducation à la mobilité et à la citoyenneté qui touchent la prévention des incivilités, le respect des règles, la sensibilisation aux rapports filles/garçons dans les transports en commun.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Chaque métier qui implique d’initier un changement de pratiques, consiste à faire bouger les lignes, à faire évoluer les mentalités, demande de la pugnacité et une bonne capacité à expliquer et à convaincre, je ne me laisse pas décourager !

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
Tous les préjugés m’agacent quels qu’ils soient, la parole qui tend à généraliser, à attribuer tels défauts ou telles qualités aux femmes ou aux hommes, tout ce qui est réducteur est de peu d’intérêt ; en revanche, ce qui peut relever de l’irrespect ou pire être source d’inégalités dépasse le stade de l’agacement.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Au début de ma carrière, je ne travaillais pas encore chez Tisséo, je me rends dans un centre technique pour une réunion que je devais animer en tant que cadre. À mon arrivée, je remarque plusieurs photos
à caractère pornographique qui ornent les murs…
j’ai alors expliqué très calmement que je ne mènerai pas la réunion tant que ces photos seraient sur les murs… j’étais jeune mais j’avais la tête dure et j’ai eu gain de cause, une victoire mais surtout une leçon,
se faire confiance et tenir.
Je tiens à préciser que dans les sessions de sensibilisation que j’anime, aujourd’hui, avec mes collègues sur la prise en compte du harcèlement et du sexisme, je vois depuis plusieurs années l’évolution des mentalités, nous en parlons dans un climat de confiance et de professionnalisme, c’est très enrichissant… Nous sommes avant tout des collègues qui travaillons ensemble, au quotidien, dans le cadre d’une mission de service public, et il y a chez Tisséo un vrai travail sur la mixité des métiers.

Lise Siret de Tisséo Ingénierie 

Quel poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Je suis médiatrice Projets et actuellement la référente sur le projet de 3ème ligne de métro. Mon métier consiste à accompagner et informer les riverains concernés par le projet et impactés par les travaux. Je suis aussi la principale interface entre tous les partenaires et acteurs du projet, une facilitatrice pour fluidifier les relations entre les acteurs du territoire (riverains, professionnels, associations, institutionnels etc.) Mon autre mission est de veiller à la bonne qualité du chantier, en faisant appliquer le bon respect du règlement.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
J’ai suivi un Master2 en communication et aménagement, j’ai un peu travaillé dans le privé mais j’ai rapidement intégré Tisséo Ingénierie après la fin de mes études, il y a 10 ans déjà. J’ai travaillé sur plusieurs projets : bus, tramway et métro. J’ai eu l’opportunité de changer de métier durant mon parcours chez Tisséo mais la communication me manquait et je suis revenue dans mon domaine de prédilection.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Sur mes premiers chantiers, il a été nécessaire de m’imposer, c’était un univers très majoritairement masculin, la présence d’une femme se remarquait rapidement. Au début j’avais même tendance à vouloir gommer tous les aspects de ma féminité pour éviter les commentaires désobligeants ou déplacés, je mettais un pantalon abîmé, je ne me maquillais pas, je m’attachais les cheveux… je me suis même surprise à adopter les mêmes comportements que ceux qui travaillaient sur le chantier pour m’intégrer plus facilement.
Avec le temps, la présence des femmes est devenue de plus en plus évidente et beaucoup mieux acceptée. Il n’est plus rare de voir des femmes y travailler et, aujourd’hui, c’est la question des compétences qui fait loi.

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
Le côté femme fragile que certains hommes se plaisent à imaginer, cela m’agace même si je dois reconnaître que j’ai su en jouer dans le cadre de négociation pour faire avancer un dossier. Parfois, il faut savoir tirer parti d’une situation pour faire d’une difficulté un atout.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Il y a quelques années je m’étais rendue habillée en civil sur le chantier sans préciser mon rôle.
Aux yeux des ouvriers, j’étais une passante lambda. Les travailleurs m’avaient draguée et sifflée…
Je n’ai pas réagi sur l’instant, et je suis revenue quelques minutes plus tard avec ma tenue de chantier et ma casquette de contrôleuse… Et là, c’était la stupeur générale, les ouvriers m’ont reconnue et je leur ai annoncé que je venais vérifier la qualité et la bonne conformité de l’environnement de leurs emprises de travaux… Pour eux, c’était une belle leçon de vie, l’habit ne fait pas le moine.

Maryline Prieur de Tisséo Collectivités 

Quel poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Je travaille au sein de la direction du Patrimoine en tant que Cheffe de projet Systèmes. Mon travail consiste à évaluer les systèmes métiers dont nous sommes propriétaires, proposer leur amélioration et ce au meilleur coût. Si je présente une nouvelle solution, elle doit être pérenne et évolutive afin de pouvoir imaginer de nouveaux services. Je vais prendre un exemple concret, la billettique, c’est une carte pastel et des tickets magnétiques, je travaille sur les solutions, qui simplifient cet usage en permettant aux voyageurs de le faire à distance. Mon travail consiste à décider de la meilleure réponse technique à apporter à une problématique et de vérifier son impact sur les autres systèmes métiers.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Je suis sortie en 2002 de l’école d’ingénieur, tout au long de mon parcours, j’ai toujours travaillé avec des collectivités, d’abord chez Véolia Propreté pendant 9 ans, sur différents postes autour de solutions métiers pour les centres de tri, les déchetteries, le recyclage. J’ai souvent participé au travail sur le schéma directeur des systèmes d’information, c’est-à-dire vérifier la cohérence des logiciels qui sont utilisés, par exemple, si j’ai une entreprise et que j’ai 10 logiciels de gestion des Ressources Humaines, c’est qu’il y a un problème. J’ai ensuite travaillé chez Véolia Transports où j’ai assuré la gestion de projets européens axés plus particulièrement sur la billettique et les nouveautés dans ce domaine. J’ai eu le désir de revenir sur Toulouse, j’ai intégré une société de consulting auprès des collectivités où j’ai travaillé avec la Région, Toulouse Métropole et Tisséo que j’ai par la suite intégré.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Je trouve qu’en 20 ans, la situation a énormément changé. Au début de ma carrière, j’ai pu rencontrer des situations où lorsque j’arrivais en réunion, les personnes présentes pensaient que j’étais là pour servir le café. Ensuite, de par mon approche du terrain et aussi parce que je discutais facilement d’égal à égal avec mes collègues, j’ai rapidement fait cesser ce type de préjugés. Aujourd’hui lorsque j’arrive en réunion, les gens n’ont pas d’a priori et ne remettent pas en cause mes compétences sous le prétexte que je suis une femme.

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
Il ne s’agit pas d’une idée préconçue mais je suis toujours scandalisée par la différence de salaire qu’il peut y avoir entre un homme et une femme à compétence égale. Autant la situation a favorablement évolué sur la question du professionnalisme et des compétences des femmes, en revanche, il reste une véritable barrière à faire sauter sur l’équité des salaires.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Une anecdote qui m’a beaucoup amusé, c’est la gêne que je pouvais provoquer lorsque j’arrivais sur les exploitations, majoritairement occupées par des hommes, et qui avaient des calendriers de femmes nues sur les murs ou sur leurs écrans avec la petite musique en prime, ils ne savaient plus où se mettre. En même temps, il y avait comme une sorte de défi pour certain à voir comment j’allais réagir. Heureusement, j’ai de l’humour, je pensais plutôt à leur ramener un calendrier des dieux du stade pour la prochaine fois.

Fabienne Cresci de Tisséo Collectivités 

Quelle poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Je suis directrice générale des services de Tisséo Collectivités depuis le 1er mai 2019. Mon métier est de plusieurs ordres, d’une part, le management des 110 agents de la collectivité et d’autre part, l’avancement des projets mobilité sur son périmètre de compétence soit les 4 intercommunalités, Toulouse Métropole, le Syndicat Intercommunal des Transports Publics de la Région Toulousaine, le Sicoval et le Muretain Agglo.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Je suis architecte avec une formation de droit à l’Institut des Études Juridique de l’Urbanisme et de la Construction à Toulouse. J’ai également un master 2 d’Urbanisme et j’ai fait une formation à Versailles sur les jardins historiques et le paysage. J’ai fait une grande partie de ma carrière à la métropole de Lyon sur des projets d’aménagement et d’urbanisme mais aussi de transport. J’ai aussi été directrice de projet tramway à Saint-Etienne et enfin, j’étais directrice générale adjointe à l’Université de Lyon quand j’ai été recrutée comme DGS de Tisseo Collectivités.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Dans les milieux hyper masculins où j’ai évolué, je vous parle tout de même d’une vingtaine d’années en arrière, on sentait bien que la pensée dominante envers les femmes était « les filles, on va vous montrer le boulot ! ». Une fois que vous êtes passées par là, vous avez une très bonne perception de l’attitude à adopter !
Pour moi, ça m’a permis de réaliser une chose formidable, si j’avais été un homme, peut-être que je me serais plus sentie en concurrence avec mes homologues et dans l’obligation d’être dans un rapport de force… J’ai pris assez instinctivement une autre voie. Une chose était sûre, et la feuille de route était claire pour tous, il fallait faire avancer les projets et l’enjeu n’était pas de « tout savoir » mais de « vite comprendre ». Je me suis alors autorisée à dire « non, là, je ne comprends pas, et si je ne comprends pas, je ne peux pas faire prendre la décision, et si je ne peux pas faire prendre la décision, le projet n’avancera pas ». J’ai alors compris le positionnement qui me correspondait, non pas dans un rapport de force, mais plutôt dans une relation où coexistent le respect et le challenge, où chacun sait où est sa place et son intérêt. Et je crois que ça a plutôt bien marché…

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
Il y a de nombreuses années, une amie architecte arrive sur un chantier sans avoir pris le temps de se maquiller et un des hommes lui dit « c’est dur pour vous les femmes ? c’est pas facile quand même ? » parce qu’elle n’était pas maquillée, il lui faisait comprendre qu’elle ne pouvait pas tout gérer et qu’il fallait bien se rendre à l’évidence qu’elle n’y arrivait pas. L’apparence, chez la femme, est une charge mentale supplémentaire qu’on nous impose et qu’on s’impose. C’est une forme de cliché qu’on a épousé et qui nous formate, je parle en mon nom. Que je le veuille ou non, la représentation que j’ai de moi fait tout autant parti de mon identité professionnelle que mes compétences.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Une fois, en réunion. J’étais jeune cheffe de projet. En face de moi, un ingénieur d’un bureau d’études. C’était la première fois que je le voyais. Il me pose une question technique, deux questions, trois questions, il était plus que clair qu’il me testait parce que j’étais une femme. Il y avait évidemment du monde, donc du « public », évidemment majoritairement masculin, pour son petit numéro… Je l’ai regardé dans les yeux et je lui ai dit très calmement : « Monsieur, si j’étais un homme, vous ne me poseriez jamais ces questions. ». Après avoir dit ça, le sujet était clos et je crois me souvenir qu’on ne l’a pas beaucoup entendu après… c’est la seule fois où c’est arrivé (sourire).

Julie Grinfan de Tisséo Ingénierie 

Quel poste occupez-vous chez Tisséo et en quoi consiste votre métier ?
Depuis 1 an maintenant, j’occupe le poste de Responsable de l’Unité Infrastructures de la direction technique. À ce titre, j’ai 2 casquettes : la principale consiste en le management d’une équipe d’une vingtaine de personnes à terme, couvrant l’ensemble des compétences des infrastructures de métro ; la 2nde, plus opérationnelle, concerne la coordination et la cohérence de la production technique (études puis travaux) du volet infrastructures des projets 3ème ligne de métro et Connexion Ligne B. Un exemple concret, lorsque le programme 3ème ligne a été approuvé, une charte d’architecture a été validée : le fait d’avoir sur cette opération 3 maîtres d’oeuvre et donc des architectes multiples, oblige à nous assurer que les garde-corps dessinés par ces derniers et équipant les futures stations soient identiques.

Pourriez-vous nous dire quelques mots sur votre parcours ?
Je suis un bébé Tisseo Ingénierie : originaire de la région toulousaine, je suis montée à Paris en école d’ingénieurs avec l’objectif à terme de travailler pour le métro de Toulouse. À l’époque, le projet Ligne B en était au stade des études d’avant-projet : j’ai été embauchée à la SMAT à l’issue de mon stage de fin d’études ! J’ai travaillé 2 ans au sein de l’équipe génie-civil de la ligne B puis j’ai basculé sur les projets de bus en site propre et tramway : je suis devenue chef de projet du BSP Secteur Est, puis de la ligne T1 et de la ligne T2. Depuis 2016, je travaille sur le projet de 3ème ligne de métro : d’abord sur les stations puis sur l’ensemble des infrastructures.

Avez-vous le sentiment d’avoir dû ou de devoir vous battre dans le cadre de votre métier ?
Aujourd’hui, non, j’ai le retour d’expérience nécessaire et j’ai pris du recul sur les choses, mais lorsque je suis arrivée, j’étais une femme et j’étais jeune, je suivais des chantiers, il m’arrivait de me retrouver dans des bungalows avec une majorité d’hommes qui avait chacun 20 à 30 ans d’expérience. Au départ on n’y connaît pas grand-chose très honnêtement, puis on apprend au contact de nos collègues et prestataires : certains sont bienveillants, d’autres beaucoup moins !
Mais je constate en 20 ans que les relations hommes-femmes ont évolué positivement dans mon milieu professionnel, ce qui n’est d’ailleurs pas forcément vrai dans d’autres secteurs d’activités malheureusement : les relations se basent désormais sur la reconnaissance des compétences et l’engagement professionnel, bien moins sur une discrimination de genre.

Quel est le cliché ou l’idée préconçue qui vous agace en tant que femme ?
Les hommes se plaisent à imaginer la « femme de pouvoir » maquillée, habillée en tailleur et portant des talons hauts. Une sorte de costume qui nous rendrait plus crédible, je trouve ça dommage, comme lorsque je vois des femmes caricaturer certains comportements masculins pour s’imposer.

Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué sur le fait d’être une femme dans un monde professionnel plutôt masculin ?
Quand j’ai commencé, à piloter moi-même des réunions, j’ai reçu un prestataire que je n’avais jamais rencontré, je l’accueille à la sortie de l’ascenseur, il se présente, moi aussi et je l’amène en salle de réunion, à ce moment-là, après m’avoir détaillé de la tête aux pieds, il me dit « c’est possible de boire un p’tit café ? » Pas de problème, je vais chercher la cafetière, je la pose devant lui, je m’assoie en face et je lui dis « Je vous laisse vous servir du café, vous avez le sucre ici et après je vous propose d’attaquer la réunion » Il est devenu blême, il n’avait pas compris que c’était moi son rendez-vous et, pourtant, je m’étais présentée. Dans son schéma fonctionnel, une femme ne pouvait pas être dans un métier de pilotage ou de management.